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Voilà, je mets en ligne un truc écrit inédit. Enfin.... Pour des raisons de confidentialité, la version publiée ne comporte pas le titre, ni le texte final... (Il s'agit ici du premier jet non corrigé et sans quelques détails, sauf les fautes d'orthographe qui ont été retirées ... Enfin s'il en reste faites le savoir). Cet article sera mis à jour tous les mois et peut- être plus régulièrement s'il intéresse certaines personnes abonnées à ma Newsletter... Bon voyage sur le fil du rasoir.............
[NEW : Un exemplaire du bouquin signé au meilleur commentaire]
Depuis quelques semaines, toutes les nuits se ressemblent, elles trainent ce rêve étrange dans lequel je contemple une série d’accidents. Je sais ce qui doit arriver, la sensation est angoissante. Avant qu’elle n’ait lieu, je décris la catastrophe, de façon très technique, presque scientifique. Je roue ce décor vide de paramètres sans que rien ne m’échappe ; Kilomètres heures, angles morts, coefficients et millions d’autres points qui donnent forme à ce carnage. Dans un moment compris entre trente secondes et peut-être une minute, cette petite Fiat fougueuse comme l’étalon noir sur le capot d’une des ses grande sœur turinoise va s’encastrer dans un mur et tuer son passager sur le coup.
Quand cette répétition s’achève, le spectacle peut commencer, au loin le petit bolide rouge vif apparaît. Ce n’est d’abord qu’un point à l’horizon, qui me dépasse et sous mes yeux désabusés observe un dernier rebond sur le pavé avant de s’écraser de plein fouet au coin de la rue. En accueillant cette prophétie, je n’adopte d’autre posture que le silence. Je regarde impuissant ma montre, tout s’est passé dans les temps. D’un pas lent, sans réelle conviction je me dirige vers la carcasse fumante. Le klaxon hurle, le bruit est insupportable.
Des risques de m’y habituer ? Je ne pense pas. Il y a tant de variantes de ce cauchemar qui me tire chaque nuit de mon sommeil. Parfois c’est un homme qui glisse d’une hauteur, abandonné à son sort par une femme jalouse, peut-être blessée. Qui prend un coup de poignard dans le flanc ou qui s’électrocute dans sa baignoire ; le sèche-cheveux, négligence, cliché. Je me souviens particulièrement bien de cet énième inconnu, John Doe. Replié sur lui-même, une seringue accrochée au pli du coude, il se perdait lentement dans les méandres symptomatiques de l’overdose. Secoué par d’affreuses convulsions, le corps triste et malmené les yeux révulsés, la salive incontrôlable.
Le moment de souffrance durait depuis plus de deux minutes. Raide dans son bras mou, la seule héroïne encore debout était cette aiguille hypodermique souillée. Il était pitoyable. Curieux de ce spectacle, j’allongeais mon sommeil pour assister à son calvaire jusqu’au bout. J’étais presque conscient et ces quelques secondes de plus servaient crûment mon appétit morbide. Nourrit par cette agréable souffrance, Je voulais juste en voir plus, jouir plus longtemps de la situation, sentir la vie quitter ce corps faible. Ce pantin spasmodique et désarticulé s’est couché dans la marre visqueuse qu’il semblait régurgiter sans fin. Je me suis approché prudemment, je ne voyais pas son visage mais sa silhouette me semblait familière. En le retournant j’aurais pu trouver une réponse, mais non. [...]
Je suis allé chez un psychiatre, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ; on me l’a conseillé, on m’a dit « un bon psy », le docteur F., appelons le Freud pour garder l’anonymat. [...] Il avait un nom à rallonge, un nom à particule noble et ridicule, le genre de pseudo qui inspire les actrices de films X [...] Je ne crois pas que je retournerais le voir, j’ai sorti mon portefeuille et payé soixante euros cash, trois billets de vingt étalés l'un après l'autre sur le bureau, en échange d’un sourire contenu, de quelques hochements de tête et d’une feuille arrachée négligemment d’un ordonnancier sur lequel le nom d'un autre praticien était rayé au stylo bille. En sortant je déchirais l’ordonnance, je ne voulais pas qu’en la déchiffrant mon pharmacien ne se sente obligé de me sourire plus que d’habitude. C’est après cet entretien que je me suis réellement avoué que j’aimais les accidents. D’après le psy c’est ce qui devait me mettre en situation de stress ou du moins être dur à assumer, mais je crois que c’est le contraire, cela m’enchante. Violents et si soudains, ils sont l’une des expressions les plus délicates de l’humour, plus drôle encore qu’une vieille blague antisémite racontée par un survivant de l’holocauste. C’est pendant ce moment tragique que toute l’ironie du monde prend son sens ; dès lors, on ne sait plus stopper le flot de cette essence magique aussi désespérée que spontanée.
Le cabinet était au quinzième étage d’une jolie tour en verre dépoli, c’était assez original comme lieu, [...] quelques minutes plus tard je rejoignais une sorte de balcon ouvert au public pour m’en griller une. L’entretient avait duré plus longtemps que prévu, mais j’abandonnais mon obsession de la nicotine pour autre chose. C’était la dernière cigarette de mon paquet, je l’ai fumée trop vite, je me souviens encore de ce mégot fumant sur le sol grillagé de l’étage du dessous, puis de mon regard qui s’échappe, j’ai le vertige. Il faut que je me ressaisisse et imagine une sorte de balustrade mentale à laquelle m’agripper. Plus mon esprit se focalise sur les petits personnages de toutes les couleurs qui vont et viennent cinquante mètres plus bas, plus le vide m’attire et me donne envie de sauter, comme ça, pour en finir. Machinalement je regarde le ciel, il est gris pour tout le monde.
Sur cette heureuse constatation, je m’éloigne de cette rambarde froide et dangereuse pour rentrer chez moi.
Domino me quitte et là c’est le trou noir […]
Quand j’ai découvert sa personnalité, cette nana c’était comme un champ de mine antipersonnel marqué, on se retrouvait au milieu et on apercevait le panneau danger mais il était trop tard un pas en avant ou un pas en arrière et c’était l’explosion […]
je ne sais pas combien de temps s’est écoulé depuis, peut être quatre ou cinq ans un peu floués par l’alcool, les femmes et autres excès. Et puis il y a eu les psys, les femmes psy, les psys alcooliques, antidépresseurs, hôpitaux psychiatriques… La liste encore plus longue que la facture détaillée du téléphone portable d’une ado bavarde et plus confuse que la playlist de son shuffle....
La première fois que je me faisais interner, je découvris une espèce de bonheur dont les SDF et autres laissés pour compte de la société n’avaient pas conscience. On offre bien trop d’indulgence aux malades mentaux, le gite, le couvert, un peu d’argent de poche et même des femmes, le tout subventionné par la sécurité sociale. Dès que mes finances étaient au plus bas ou que ma queue avait besoin de réconfort, je recommençais l’opération. La nourriture n’était pas plus dégueu que la cantine de la petite PME qui m’employait, les lits plutôt confortables, une femme de ménage venait faire la chambre chaque matin et l’allocation maladie que je percevais était convenable compte tenu de mes dépenses. Pour ce qui était du sexe, il y avait toujours une nympho en mal d’amour à baiser ou une névrosée maternelle pour me sucer sans jamais rien demander en échange qu’un bout de conversation. Je me demandais encore pourquoi il y avait tant de misère dans les rues. [...]
[...]
En rentrant, j’ai l’étrange impression que les gens me dévisagent, ma tête ne doit pas leur revenir, j’en ai autant à leur égard. Troublé par ces regards suspicieux, je remonte instinctivement le col de ma veste, simple précaution, au cas où … C’est étrange dans cette jungle urbaine, chacun semble vouloir se démarquer en abolissant la normalité par n’importe quel détail auquel accrocher une différence.